Une fois les molécules obtenues, comment sont-elles utilisées ?
Des recherches précédemment menées par l’équipe de Diederich avaient montré que certaines molécules extraites de l’ail arrêtent effectivement la division cellulaire normale, et augmentent la mortalité cellulaire, deux effets qui sont de précieux outils pour cibler les cellules cancéreuses. Dans leur dernière étude publiée dans Cancer Letters, l’équipe de Diederich a montré qu’il était possible que ces molécules puissent agir spécifiquement contre les cellules cancéreuses colorectales.
Ils avaient découvert que le tétrasulfate de diallyle et le tétrasulfate de dibenzyle sont tous les deux capables de se lier à une autre molécule, présente dans toutes les cellules : la tubuline. Cette molécule simple agit comme des blocs « lego », qui peuvent être assemblés dans les cellules pour créer de longs filaments. Ces filaments forment un genre de « squelette », qui grandit et rétrécit constamment dans la cellule selon son activité du moment. Par exemple, lorsque la cellule s’apprête à se diviser, ces longs filaments doivent rétrécir. Cependant, en présence de l’une des molécules extraites de l’ail, celle-ci se lie à la tubuline, et garde les morceaux de « lego » à leur place. Cela empêche la division des cellules cancéreuses, et donc leur multiplication. Ce mécanisme est en fait déjà utilisé dans l’un des traitements du cancer les plus courants : le Taxol, une molécule extraite d’un champignon de l’if. Comme le Taxol ne peut pas soigner efficacement tous les cancers (certains sont résistants à ses effets), la découverte de molécules comme celles extraites de l’ail est une piste pour développer de nouveaux médicaments.
La preuve par le poisson
Comme ils l’avaient fait pour de nombreuses autres études, l’équipe au Luxembourg et en Corée a analysé plus en détail les effets de versions modifiées des molécules de l’ail sur les tissus vivants. Pour cela, ils ont utilisé des xénogreffes, une technique qui consiste à transplanter dans ce cas des tumeurs colorectales sur des poissons zèbres. Les chercheurs ayant réalisé cette étude ont pu arrêter la croissance des cellules cancéreuses en utilisant les composés extraits de l’ail. A l’avenir, l’équipe espère montrer que les traitements sont efficaces chez des espèces plus complexes, et ultimement chez l’humain, ce qui en ferait une solution 100% naturelle pour vaincre le cancer colorectal.
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