La mort cellulaire : une part essentielle de la vie
Chaque jour, le corps d’un être humain adulte perd des milliards de cellules par autorégulation. En effet, elles sont programmées pour s’autodétruire lorsqu’elles sont blessées ou que leur matériel génétique est trop endommagé, par un mécanisme appelé apoptose. Si à l’inverse les cellules endommagées se multiplient, elles peuvent causer diverses maladies, y compris le cancer. L’un des problèmes clés de la recherche contre le cancer est de trouver un moyen d’activer des mécanismes alternatifs de mort cellulaire dans les cellules cancéreuses ayant développé une résistance à l’apoptose. La nécrose contrôlée est maintenant étudiée comme mécanisme alternatif de mort cellulaire, ce qui requiert de nouveaux composés capables de la déclencher.
Des champignons parasites des végétaux contre le cancer
Le stemphol (STP) est une molécule produite par des champignons parasites des végétaux comme Stemphylium globuliferum, qui cause des taches foliaires sur l’alfalfa. Le STP est connu des chercheurs pour ses propriétés antimicrobiennes contre certains types de champignons, levures, et bactéries — et chez le champignon Pleospora herbarum, qui cause des maladies chez de nombreuses plantes, il agit comme auto-régulateur en ralentissant la croissance du champignon qui le produit. Le professeur Marc Diederich et ses collègues ont testé l’effet du stemphol sur la mort des cellules cancéreuses, avec des résultats surprenants. En effet le STP a un effet limité sur les cellules saines, mais dévastateur sur les cellules cancéreuses, où il active une forme particulière de nécrose.
Le STP déclenche la mort des cellules cancéreuses en piratant les mécanismes qui régulent l’équilibre délicat de leur taux de calcium. En se fixant à l’un de leurs récepteurs, il donne ordre aux unités de stockage de calcium de la cellule de déverser leurs réserves dans le cytosol (le liquide interne à la cellule). Cela seul fait suffit à causer l’apoptose, mais les conséquences ne s’arrêtent pas là. Les mitochondries, qui produisent l’énergie et régulent le métabolisme de la cellule, sont également surchargées par le calcium et endommagées, ce qui cause la nécrose. Avec ces deux mécanismes en jeu, la cellule cancéreuse est détruite.
Un autre aspect du stemphol est intéressant : il déclenche non seulement la mort cellulaire mais également l’émission d’un signal chimique, un « motif moléculaire associé aux dégâts » (DAMP), qui appelle une réponse du système immunitaire. Le DAMP dans cette étude, HMGB1, n’avait jamais été observé comme résultat du traitement par composé chimiothérapique de patients atteints de leucémie aiguë myéloblastique (AML). Cela fait du stemphol un traitement prometteur, car l’émissions de DAMPs par les cellules cancéreuses aide à renforcer le système immunitaire des patients contre le cancer et améliore leurs chances de survie. L’équipe va continuer l’étude du stemphol, pour mieux développer son potentiel anti-tumeur.
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